Questions à un pied-noir athée ...

Publié le par Emile Martinez

 

 

      J’imagine toutes les questions que peuvent se poser ceux qui me connaissent, de près ou de loin, en lisant sur mon blog les articles ou, dans différents forums, les post, où je défends le droit des Kabyles à devenir chrétiens et dénonce les dangers qui les menacent.  Je vois d’ici la mine réjouie des plus optimistes qui s’exclament : « enfin, il a été touché par la grâce, le voila qui revient vers Dieu ». Un ami ne m’a-t-il pas dit un jour que j’étais « un chrétien qui s’ignorait » parce que je m’étais enflammé pour je ne sais quelle cause humanitaire ? J’entends aussi les plus virulents : « Ah, ses discours sur le racisme n’étaient donc que des boniments. La vérité éclate, il n’aime pas les Arabes et il déteste l’islam ». Et,  plus venimeux encore : « ce n’est qu’un fils de colon qui se réjouit des divisions de l’Algérie, qu’il aille donc brûler en enfer ».

En réalité je n’aime aucune religion, « ces névroses de l’humanité » dont parlait Freud, et je n’établis pas de préférence ethnique, culturelle ou religieuse dans l’amour que je porte à mes semblables. Si les Arabes constituaient une minorité ethnique en  Algérie et si on leur refusait les droits politiques et culturels que toute démocratie doit accorder à ses minorités, dont celui de pouvoir choisir librement et en toute sécurité sa religion, de l’exercer dans l’espace privé ou dans ses lieux de culte, sans contrainte ni discrimination, de pratiquer sa langue et de faire vivre sa culture, j’écrirais des articles et je sèmerais des post sur les forums en leur faveur. Et si c’étaient les Kabyles qui les opprimaient, je prendrais le parti des Arabes contre les Kabyles. Mais voilà, c’est l’inverse qui se produit. Un mouvement est né en Afrique du Nord parmi les Berbères qui, devant la menace de mort pesant sur l’une des plus anciennes cultures du bassin méditerranéen ( au moins 3000 ans attestés par l’archéologie), rappelle que ce peuple a été conquis et islamisé par la force au 7 ème siècle, qu’il avait une histoire brillante avant l’arrivée des Arabes et qu’il refuse de se dissoudre dans le magma d’un monde arabo-musulman à l’avenir incertain dans lequel il ne voit aucun  espoir de progrès et de démocratie. Il revendique en conséquence un large espace d’autonomie. Cette revendication paraît d’autant plus légitime que nul n’ignore depuis les travaux de Georges Marçais que les Nord Africains qui s’imaginent Arabes ne sont en réalité que des Berbères islamisés, les envahisseurs ne disposant pas d’une population suffisante pour peupler l’ensemble de leurs conquêtes. Ce n’est donc pas d’un conflit religieux qu’il s’agit comme certains voudraient le laisser croire, le retour de certains Berbères au christianisme de leurs origines n’étant que l’une des nombreuses manifestations de leur volonté de récupérer une identité perdue. Seuls les islamo fascistes qui n’attendent qu’une opportunité pour massacrer ces  chrétiens comme ils l’ont fait en Egypte, au Soudan, en Irak, en Indonésie, au Nigeria et ailleurs, parlent de guerre de religions. En réalité, la revendication d’autonomie des Kabyles qui ne date pas d’hier, est soutenue tout autant par les chrétiens que par les musulmans kabyles. Ce serait donc l’honneur des intellectuels arabes et musulmans, notamment français, de la soutenir de la même façon que certains Français ont soutenu la lutte pour l’émancipation des Algériens. J’espère d’ailleurs que certains démocrates le font mais j’avoue ma grande déception quant à l’attitude des leaders religieux. Le monde musulman s’embrase sous leurs yeux. La chaîne de télévision qatarie Al-Jazira  ose  réaliser un sondage sur Internet avec cette question : «  êtes vous favorables aux attentats d’Al Qaeda en Algérie»  et 54% des internautes répondent par l’affirmative dix jours seulement après une action terroriste qui a fait 41 morts.   Un sondage de grande ampleur commandé par le très sérieux hebdomadaire marocain Tel Quel et réalisé par deux politologues et un anthropologue marocain secondés par une vingtaine de chercheurs établit à partir de 150 questions posées à un échantillon de 1156 Marocains que 57% désapprouvent la mixité sur les plages, 83% approuvent le port du voile, 40% refusent tout contact entre juif marocains et musulmans marocains, 44% sont favorables à la polygamie, 61% n’acceptent pas la cohabitation entre croyants et non croyants, 71% refusent qu’un musulman change de religion, 66% pensent que dans l’Islam il y a une solution à tout (médecine,science, économie, politique, technologie), 49% se disent musulmans avant d’être marocains  et 17,6% soutiennent les mouvements djihadistes que seulement 29% désapprouvent. Non, le monde arabo musulman n’évolue pas dans le sens de la fraternité et de la paix avec ses semblables. Je dirai même qu’il régresse par rapport à cet islam tolérant et bon enfant que j’ai connu, il y a bien des années, en Algérie et en Tunisie. Alors, quel est son vrai visage ? Celui qui séduisait les orientalistes par son humanisme, ou celui de ces fascistes délirants qui veulent reconquérir l’Andalousie, faire de nous des « dhimmis » soumis à leurs lois et nous convertir tous par la force ? On pourrait s’attendre à ce que, au moins en Europe, les docteurs de la foi musulmane  censés ramener les égarés sur le chemin de la raison et répandre les principes de la sagesse et de la paix,  se mobilisent de toutes leurs forces contre la peste qui nous menace mais il n’en est rien. A Paris, le Dr. Boubakeur, président du conseil français du culte musulman, grand ami de Jacques Chirac qui imposa sa nomination, recteur de la mosquée de Paris, ne trouve pas autre chose à faire qu'écrire un texte intitulé « Alimentation et Islam. Les interdits » et sous-titré « Dis moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es ». Parlant du cochon "Sus scrofa domesticus", le Dr. Boubakeur explique doctement que « la souillure que représente la vue, la fréquentation et la consommation de cet animal semble trouver son origine dans ses comportements : animal qui patauge dans la fange et ses excréments que ce suidé avale à l’occasion, il dévore les serpents comme le porc épic et, ainsi que le note Al Djahiz dans son Hayawan (II.52), son ardeur à prolonger l’acte d’accouplement ont tôt fait de lui attirer le mépris et le discrédit ». Comme le fait fort justement remarquer l’un de mes amis kabyles, « cochon, mangeur de cochons, même souillure ? C’est une question qui mériterait en tout cas de lui être posée ». Mais il y a pire, encore. Dans le monde entier de soit disant docteurs de la foi décrètent les plus absurdes et les plus ridicules des fatwas. Un autre de mes amis kabyles  écrit : « Il y a(vait) déjà une fatwa contre le sexe des chèvres, une autre contre la café (car produit nouveau non mentionné dans le Coran pouvant être dangereux pour les musulmans), une autre pour l'allaitement de son collègue de travail, une autre aussi contre les fraises (car leur forme rappelle celle du gland du sexe masculin), une autre contre la vache avec laquelle un homme aurait forniqué, mais qui redevient hallal si on lui applique un rituel déterminé  … ça peut prêter à rire ou à pleurer, mais ce sont toutes des fatwas réelles ! »

Tout cela se passe loin de chez nous et ne nous concerne pas? Détrompez-vous, voila ce que l'on prêche en Europe:

04 Janvier 2008 | Pays-Bas | Source : Mediarabe.info  Décret islamique interdisant le vélo aux femmes  
 

 
En l’absence de toute autorité religieuse reconnue, chargée de valider les fatwas, chaque ouléma autoproclamé peut prétendre justifier ses décrets et les légitimer par ses propres interprétations du Coran ou de la Tradition.  
 
C’est exactement ce dont souffrent de larges catégories de la population musulmane à travers le monde, et plus précisément en Occident. Pourtant, ces populations se sont réfugiées en Europe pour vivre la modernité et la liberté, fuyant l’autoritarisme religieux qui fait ravage dans leur pays d’origine.  
 
La dernière polémique relatée par le site « Elaph.com » (29/12/207) en est une bien triste illustration, qui frôle le « ridicule », comme le fut la fatwa sur « l’allaitement des grands ». En effet, la dernière trouvaille concerne une fatwa qui interdit à la femme musulmane de pratiquer le vélo, car, selon les religieux qui la répandent, « enjamber la selle du vélo suscite chez la femme une excitation sexuelle, et le vélo devient, de ce point de vue, un objet prohibé ».  
 
Les musulmanes vivant aux Pays-Bas n’ont pourtant pas d'autre choix que d’utiliser le vélo, le moyen de transport le plus populaire en Hollande, avec plus de 30 millions d’unités dans le pays. D’autant plus que de nombreuses femmes peinent à s’offrir un permis de conduire et une voiture, et se retrouvent ainsi dans l’obligation d’apprendre à pédaler et de braver ces interdits. Les musulmanes les plus conservatrices respectent la fatwa à la lettre, et assimilent le vélo à un objet sexuel. Elles sont confortées dans leur approche par l’interprétation du cheïkh Kamal Al-Faïdy, qui estime que « la fatwa interdisant le vélo est exécutoire et doit être appliquée par toutes les femmes ». Pour lui, « la femme, bien qu’elle soit correctement voilée, risque de laisser apparaître certaines parties de son corps quand elle enjambe une selle de vélo, ce qui est en soi prohibé ». De plus, le religieux estime tout simplement que « le fait d’écarter les jambes d’une femme, pour pratiquer le vélo, est excitant sexuellement, et la femme doit s’abstenir… »  
 
« Elaph.com » a interrogé plusieurs femmes musulmanes, d’origine somalienne, irakienne, algérienne ou marocaine... Elles sont partagées entre l’utilité du vélo, un outil de transport indispensable, la fatwa le prohibant, et les difficultés d'apprendre à en faire. Ainsi, Hassiba, une marocaine, s’est retrouvée à l’hôpital après une chute  sa robe s'étant coincée dans la chaîne du vélo... Malheureusement pour Hassiba et ses semblables, son accident peut conforter les religieux dans leur refus du vélo, à moins qu’ils n'imposent le vélo en short ou en bermuda !  
 
Notons que plusieurs dizaines d’internautes ont réagi à cet article, sur « Elaph.com ». Les plus radicaux approuvent l’interdiction du vélo pour la femme, mais de nombreux intervenants rappellent que les femmes, durant les conquêtes musulmanes des premiers siècles, contribuaient au jihad à dos de chameaux dont la pratique est bien plus excitante sexuellement que le vélo. Et de ce fait, ils dénoncent l’auteur de la fatwa interdisant le vélo estimant qu’il contredit les pratiques des premiers compagnons du Prophète.  
 

Traduction et synthèse de Randa Al-Fayçal.  

 

 

Alors, oui, athée depuis longtemps, je me sens solidaire de tous ces nouveaux chrétiens qui refusent de vivre dans un univers culturel et idéologique enfantant de tels monstres et je leur dis bienvenue dans le monde des esprits libres. Certains deviendront peut-être un jour agnostiques, athées, bouddhistes où retourneront à l’Islam. Ils ne seront prisonniers d’aucune idéologie et ils pourront alors le faire en toute liberté car personne, ici, ne les menacera de mort pour apostasie. Enfin je voudrais rassurer mes amis libres penseurs et aussi tous ceux qui pourraient avoir l’âme triste  après la découverte d’une réalité qu’ils ignoraient peut être, en leur faisantl lire cette page d’un esprit libre, l’écrivain Patrick Declerk, citée par Afrique-du-Nord.com/forum/ que je vous invite à visiter.

Je hais l'islam, entre autres..., par Patrick Declerck

Kant rendait hommage à Hume pour l'avoir éveillé de ses années de somnolence dogmatique. Mais s'il était une somnolence dogmatique particulière à la démocratie ? Mais si la démocratie, au-delà de ses institutions politiques, avait la propriété sournoise et insidieuse de créer, de par ses prolongements idéologiques, un effet opiacé, soporifique ? Une douce sidération de la pensée ? Quelque chose comme l'équivalent de l'incision des lobes frontaux, laissant le sujet citoyen plaisamment semi-conscient, mollement béat. 
en fin de compte aussi une maladie mentale ?

Mais si la démocratie était en fin de compte aussi une maladie mentale ?

Ainsi, par exemple, la proposition : "Je hais l'islam." Voilà bien quelque chose qui, en bonne compagnie, ne se dit pas. Et ce pour plusieurs raisons, qu'ânonnent, dans un bel ensemble, les boy-scouts de tout bord.

D'abord, en ces temps de tolérance programmatique et de vacuité d'un respect exigé a priori, "haïr" ne se fait plus. C'est même pratiquement illégal. Et d'un laisser-aller des plus odieux... Ainsi, nos dogmes politico-religieux - et la démocratie a placé l'homme à la place très exacte qu'occupait la divinité dans l'ancienne architectonique de la théologie chrétienne - nous interdisent de penser l'ennemi, de le concevoir, de se le représenter. Bref de le haïr.

Un bel esprit, bien scrupuleusement de centre gauche, annonçait récemment qu'il n'avait pas d'ennemis. Enfant ! Comme si le choix était possible, comme si l'ennemi était subjectif... La subjectivité, l'affect, l'émotion, voilà aujourd'hui ce qui, pour les démocrates, tient lieu de pensée.

Aussi la question se pose : la démocratie permet-elle, dans son fondement, dans son essence même, qu'existe encore un fait ? Un fait objectif ? Que subsiste, quelque part, l'heuristique morsure du principe de réalité ? Non. Non, car la démocratie n'est in fine que le dernier masque avili et souillé du christianisme, cette vieille consolation des esclaves de Rome. Cette religion fondée par un homme tellement affolé par la perspective du conflit œdipien face à un père réel qu'il alla jusqu'à s'imaginer, malheureux psychotique, un père céleste... Or "la guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l'amour du prochain. Ce n'est pas votre pitié mais votre vaillance qui jusqu'à présent a sauvé les malheureux." Ainsi parlait Nietzsche ! Ainsi parlait Zarathoustra ! Ainsi parlait la virilité !

En attendant, en face, on s'organise. On s'organise, on planifie, on égorge et on décapite... Je hais l'islam... Mais on ne critique pas l'islam. Ou alors, seulement avec une très prudente obséquiosité et mille précautions langagières. En s'entortillant, confus, dans la périphrase, le néologisme et la litote : ce n'est pas d'islam, mais d'islamisme qu'il s'agirait. Pas de religion, mais de fanatisme. Pas de contre-racisme, mais de communautarisme...

Et l'on se tourne vers les discutables secours des recoins de l'histoire. Morceaux soigneusement choisis. De l'islam, on vante avec nostalgie le passé brillant. On exhume l'un ou l'autre érudit, de préférence sourd, aveugle et sénile. Ça ne manque pas. On le dépoussière rapidement. Et on lui fait rappeler fort à propos que, cependant, Avicenne, au XIe siècle...

Très drôle vraiment ! Un peu comme si Erasme, More et Montaigne effaçaient, de par leur seule grandeur, le scandale des guerres de religions interchrétiennes ou celui de quatre siècles de livres mis à l'Index par l'Eglise de ces catholiques, forts récents champions de la tolérance tout-terrain. Et fort récents parce que, faut-il le rappeler, fort récemment contraints à le devenir...

Les religions sont des névroses de l'humanité, disait Freud. Mais il est, n'en déplaise, névrose et névrose... Le judaïsme tend à la névrose obsessionnelle : le rite pour le rite. Au cœur du christianisme se tapit l'espoir anxieux de noyer le pulsionnel dans un indifférencié asexué : l'amour christique, cette tisane tiède... L'islam, lui, tend à rendre fou parce qu'il instaure un partage entre les sexes extraordinairement et spécifiquement pathologique : une horreur et une terreur de la femme et de sa jouissance sexuelle fantasmée comme toute-puissante.

Face à cette dernière, il ne reste d'autre solution à l'homme que l'oppression farouche de toute féminité. Oppression d'autant plus radicale qu'elle a pour fonction première de recouvrir de son voile phobique le vertige secret, intime, muet, mais omniprésent, de l'impuissance masculine et de son éternel compagnon, la répulsion-tentation de l'homosexualité latente... D'où la nécessité aussi de l'alliance érotisée et défensive des "frères" de l'islam. Devant les hallucinatoires menaces du vagin denté, la sécurité et la fuite résident dans le nombre. Ainsi, pour se protéger, l'homme musulman vit-il en banc. Comme les petits poissons...

Je hais le fait religieux en général, parce qu'il aliène l'homme en lui faisant prendre des messies pour des lanternes. Je hais l'islam en particulier, parce que l'islam est un système d'oppression tragique des deux sexes.

En attendant, en face, on s'organise. On s'organise, on planifie, on égorge et on décapite... J'entends bien qu'indiscutablement une majorité de musulmans désapprouvent ces actes. Pourtant je persiste à haïr l'islam, parce qu'en tant que système de pensée et d'être au monde il permet la guerre sainte. Il permet la charia.

L'égorgement et la décapitation y sont toujours présents, ne serait-ce qu'en tant que possibilité structurelle, car il est au cœur de l'islam, un topos pour cela. Tout comme la pensée tardive de Marx abrite, en son sein, la pérenne potentialité des affres des dictatures prolétariennes. Tout comme le christianisme est inextricablement, consubstantiellement vérolé d'antisémitisme...

... dénoncer aujourd'hui les féroces imbécillités des croyances religieuses est plus qu'un plaisir, c'est un devoir. Et un honneur. Celui de montrer qu'il est possible d'exister debout, sans béquilles et sans illusions. Cette haine de l'islam, je revendique publiquement le droit de l'exprimer. Publiquement. Quitte éventuellement à transgresser, oui, les lois de la République.

En
ces temps où, une nouvelle fois, la religion fait la guerre, il urge de revendiquer encore, et toujours, et hautement, la dignité supérieure de l'homme sans dieu.

Patrick Declerck est psychanalyste et écrivain, auteur de "garantie sans moraline" (flammarion, 2004).

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 12.08.04 journal le monde


 

Publié dans kabylie

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